Voilà un bon film d’aventure. Pourtant je n’étais pas forcément très favorable à ce film au départ, étant basé sur une belle histoire d’aventure qui a récemment été sérieusement remise en doute, et qui plus est servi par un casting qui peut donner le meilleur comme le pire…
Basée sur le roman À Marche Forcée de Sławomir Rawicz qui conte sa supposée évasion d’un goulag en 1942 et son incroyable marche vers la liberté en compagnie d’autres évadés, 6500km plus au sud, en Inde. Ils traverseront la Sibérie, le lac Baïkal, la Mongolie, le désert de Gobi, et finalement l’Himalaya.
Forcément, à lire le palmarès et considérant qu’ils sortent quand même du goulag qui n’est pas un club de vacance, on a du mal à se demander comment ils ne sont pas morts tous au moins trois fois d’épuisement et de malnutrition − c’est du reste ce qui arrivera à plusieurs membres du groupe, évidemment. Peut-être l’incroyable volonté de vouloir s’en sortir ? C’est ce que semble vouloir mettre en avant Peter Weir. J’attendais beaucoup de ce réalisateur dont les deux derniers films en date (Master and commander : De l’autre côté du monde et The Truman Show, mais il a aussi réalisé Witness et Le Cercle des poètes disparus) m’ont énormément plu. Toutefois Peter Weir arrive malheureusement plusieurs années après la bataille, depuis Into The Wild Sean Penn a placé très haut la barre en matière de film d’aventure avec des paysages somptueux. Pourtant on se laisse très vite emporté dans l’histoire, on suit avec angoisse l’évolution de ces hommes dans une nature hostile, on peine avec eux à avancer dans la neige, dans le sable, dans le froid, sous le cagnard… Chaque personnage a un rôle bien particulier, on a pas l’impression d’un groupe monté pour faire figurer des acteurs ; il y a le cuistot, le rigolo, le sombre intelligent, l’optimiste incurable, la jeune femme porte-bonheur, etc. Ed Harris m’a bien plu dans un rôle où il n’a pas à en faire des caisses, mais la meilleure surprise vient de Colin Farrel que je n’attendais absolument pas dans ce genre de rôle. N’ayant pas vraiment regardé qui jouait qui, je supposais qu’il allait jouer un gros dur, genre chef de l’expédition sans pitié pour les plus faibles ; et bien pas du tout.
Pour avoir vu le film en VO, il faut déjà noter son gros travail pour parler anglais avec un accent russe, très efficace. Mais ce sont surtout sa façon de se mouvoir, de regarder les autres et réagir à chaque réplique. Sans trop en dévoiler, disons qu’il joue un criminel qui semble avoir un grand cœur (même si tout est relatif) derrière une intelligence un peu limitée et une grande ferveur pour le communisme et le camarade Staline. Bref, pas du tout la manière dont je le voyais.
Maintenant il y a quelques reproches à faire, car si je ne me suis pas du tout ennuyé durement le film qui dure quand même un peu plus de 2h, on peut regretter que certains passages soient bien trop vite expédiés, la traversée de l’Himalaya est à peine évoquée, par exemple ; quelques scènes de montagne et hop, terminé. À l’inverse, certaines scènes me paraissent sans intérêt, notamment la toute première scène, une interrogatoire où l’on amène la femme du héros pour qu’elle témoigne contre lui, ou la dernière que vous verrez si vous regardez le film, et que je n’ai pas vraiment trouvé indispensable.