Déjà pour bien mettre les choses au point, je suis pas client de l’univers des zombies, ni du gore en général ; cela comprend les films d’horreur type saga Saw et autres Hills Have Eyes, et même la plupart des films de vampires. La violence dans un film d’action ou de guerre, je supporte à peu près (encore que, cela dépend de la dose), mais la violence gratuite, torture et compagnie, non, pas moyen.

Pour poursuivre sur cette lancée, je suis aussi peu client des adaptations, ayant souvent été très déçu par la version télévisée d’un roman ou d’une bande dessinée. Du coup, The Walking Dead ne partait vraiment pas gagnant avec moi puisque j’avais dévoré les dix premiers tomes du comic avant même de savoir qu’une série en avait été tirée.

Résumé pour ceux qui ne connaitraient pas du tout : Rick Grimes, officier de police d’une petite ville du Kentucky, se réveille un beau jour dans un hôpital désert et apparemment à l’abandon depuis un moment. À peine sorti à l’air libre, le voilà confronté à la réalité : l’humanité n’est plus, transformée en mort-vivants (walking dead) en quête de chair fraîche. Passé le premier choc, notre héros qui n’en est pas un n’a qu’une idée : retrouver sa femme et son fils. C’est simple, et même tout simplement déjà vu, les amateurs du genre et même les autres auront sûrement reconnu le résumé de 28 jours plus tard. Et tout l’intérêt de The Walking Dead, c’est de faire une très bonne série d’un scénario très simple. On ne peut même pas parler d’intrigue puisqu’il n’y en a pas réellement ; on ne cherche pas spécialement à percer le mystère des zombies, savoir si on peut les guérir, si quelque part des gens, un pays a survécu, non, rien de tout cela. On cherche juste à ne pas se faire manger au prochain coin de rue.

Vous l’aurez compris, pas de chasses effrénées aux croulants anthropophages, pas de shoot em up à répétition : si tuer des zombies est inévitable et relativement gore, ce n’est pas le but de la série. Elle suit en cela parfaitement le comic, cherchant plutôt à montrer la façon dont les personnages réagissent dans ce nouvel environnement, nous faire imaginer ce que l’état post-apocalyptique de leur quotidien les amène à faire ou ne pas faire, etc. Comment se conserve la morale, la honte, la cruauté, l’espoir. Il n’y a plus d’humanité, seulement des groupes épars ; plus de lois, plus de justice, mais aussi plus d’économie, de ravitaillement… Plus rien, quoi.

Le premier épisode est une vraie réussite, qu’on peut presque regarder à part, rien que pour profiter de l’ambiance et des décors. Pratiquement identique à la bande dessinée, quelques détails ont été ajoutés ou supprimés, mais cela passe. La suite dérive, par contre. De nouveaux personnages pas nécessairement intéressants ou utiles font leur apparition, par exemple un certain « Merle » dont je n’ai personnellement toujours pas trouvé l’utilité. Les détails diffèrent par moments beaucoup de l’histoire originale, et surtout certains éléments sont volontairement retardés, ce qui change totalement le rythme.

Lori et Carl, respectivement femme et fils de Grimes, sont évidemment vivants, sauvés par le meilleur ami de Grimes, Shane, qui en profitera pour aller faire des galipettes avec Lori. Dans la bande dessinée, Shane disparait bien rapidement, dès le premier tome, d’une manière particulièrement surprenante et sans doute pas digne du public puritain américain, ce qui explique peut-être que les scénaristes aient préféré le laisser en vie. Mais du coup, là ou normalement (dans la bédé, donc) le groupe était rapidement soudé et organisé autour d’un seul leader, Rick, on a dans la série un groupe divisé, avec des familles qui gravitent aléatoirement autour d’un leader de fait, Shane, et d’un leader naturel, Rick. Pour une saison de seulement six épisodes, c’est prendre de gros risques niveau tournage en rond, mais on s’en sort à peu près quand même. Il faudra juste trouver rapidement une solution pour la suite si on ne veut pas tourner en rond.

Il est difficile d’avoir un avis global sur cette saison, ou en tout cas de le mettre en rapport avec la bande dessinée… Si le début de l’histoire est identique dans les deux cas, on s’en éloigne beaucoup au fur et à mesure, tout en conservant la même trame globale… Compliqué à décrire. La fin de la saison s’éloigne elle grandement de l’histoire originale puisque cela n’a carrément plus rien à voir au niveau des évènements ou des lieux ; de nouveaux détails apparaissent que l’on a pas dans la bédé, ainsi que d’autres personnages. Mais les relations des personnages principaux et récurrents sont très similaires : mêmes attaques de zombies, mêmes morts dans les mêmes circonstances, etc, ce qui donne un résultat finalement très intéressant puisqu’on découvre beaucoup de choses tout en suivant une trame bien connue. C’est ce qui m’a probablement le plus plu : voir une adaptation relativement fidèle de la bande dessinée pour certains points, mais bénéficier en plus d’une autre vue sur l’univers, de plus de décors et d’actions dans d’autres environnements… Par exemple dans la bande dessinée sur la même période de l’histoire, on est limité à un bois et quelques rues d’Atlanta ; la série s’offre le luxe d’un bois, d’une autoroute, de plusieurs rues et pâtés de maisons, de zone de banlieue, d’une carrière, d’un hôpital… On y perd peut-être un peu en profondeur pour les personnages, le confinement influant beaucoup sur leur comportement dans la bande dessinée, mais on y gagne une certaine diversité qui permet de ne pas s’ennuyer.

À retenir donc, une série à voir si on le peut, elle vaut vraiment le détour, et elle ne sera que plus appréciable si on a lu au moins les deux ou trois premiers tomes du comic pour avoir plus de détails sur les personnages et leurs relations et psychologies.