… quand cela devient une torture de rester immobile. Je m’étonnais il y a quelques semaines de ne pas ressentir ça avec l’arrivée du printemps, c’était pour mieux me le prendre dans la figure aujourd’hui. Un papier un peu plus philosophique et auto-biographique que d’habitude.

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Il faut vraiment avoir goûté à l’aventure pour y devenir accro, mais une fois que le bien est fait, impossible de le défaire. Tout a commencé pour moi avec le film Into The Wild, qui a réveillé de vieux rêves d’enfants, comme quand à 16 ans je rêvais de partir à vélo sur les routes de France. Je ne suis jamais parti évidemment, mais le rêve est resté. Après ce film, il m’a fallu quelques mois de cogitation avant de réaliser que je pouvais partir. Pas longtemps, quelques heures, échapper un peu au monde. Cela a donné une première randonnée à la fois catastrophique et magique. En grand débutant j’ai souffert, sac à dos beaucoup trop lourd, matériel inadapté, vêtements encore pire avec une paire de chaussures en cuir qui m’ont laissé d’énormes ampoules et un short en jean qui m’a violemment irrité les cuisses. Mais comparé à la joie apportée, ce n’était rien, même si j’ai eu du mal à marcher pendant les 2 jours suivants.

S’en sont suivis des mois très actifs avec en moyenne une journée de balade chaque semaine, pour lesquelles je prenais une grand fierté à sortir mon beau matériel fraichement acheté à Décathlon pour l’occasion. Puis le rêve du voyage qui revient : l’été 2009, j’irais à Compostelle. Pourtant, comme pour le périple fantasmatique d’adolescent, tout cela restait assez vague comme notion, et à peine trois de mes randonnées dépassèrent la simple journée. Brocéliande en 2 jours au printemps fût une expérience magique, bientôt détrônée par un tour de 3 jours à Crozon, duquel je sortirais avec une tendinite au genou. Et voilà comment la fougue remet en question le voyage d’été prévu sur plusieurs semaines voire mois…

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La solution est rapidement trouvée : changer de moyen de locomotion. Le vélo s’impose vite comme le meilleur moyen à disposition, et me voilà à re-préparer tout le voyage à quelques semaines du départ. L’erreur suivante sera de partir un peu trop vite sans entrainement conséquent, et c’est après 9 jours et 1000 kilomètres qu’une nouvelle tendinite m’arrête en pleine course. Le retour est dur, mais bien moins que ce que j’aurais imaginé. Pourtant, une seule semaine sur les routes est une durée bien plus longue qu’une semaine de travail… après une semaine à dormir dehors, rouler tous les jours, s’arrêter lorsqu’on est fatigué, continuer quand cela va, voir les paysages et les défiler, revenir à une existence casanière est vraiment déprimant. D’ailleurs je repartirais pour 4 jours début août, qui me remettront un peu dans le bain.

Mais étrangement, ces quelques jours de voyage à vélo ont sensiblement amoché ma motivation à randonnée à la journée à pied… l’attrait n’est plus le même, la liberté ressentie et savourée sur ces longues distances n’est pas comparable à ce petit air libre que procure une randonnée à la journée où l’on part de chez soi et marche en cercle autour de sa voiture.

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Mais la conviction est là, inébranlable, il est inconcevable de ne pas repartir l’été 2010. Le voyage sera le même, mais différemment. Mieux préparé, mieux décidé, aguerris. C’est ce besoin de partir qui me tiraille aujourd’hui, envie difficilement oubliable de se trouver sur un sentier à flanc de falaise à Crozon, où de dormir dans une cabane de pêcheur en construction sur le port de Gujan-Mestras… il est quasiment certains que quelques jours des vacances qui débutent ce soir seront consacrés à une randonnée à Crozon, peu importe comment je dois m’y rendre où avec qui. Quand l’appel est si fort qu’aujourd’hui, il est presque impossible d’y rester, et si ce n’était pour deux impératifs inévitables ce week-end, je serais déjà parti !